Nous l’avons vu dans un précédent article, les cellules souches embryonnaires proviennent de jeunes embryons (appelés blastocystes) âgés de 5 à 7 jours issus pour la plupart des techniques de fécondation in vitro : ce sont des embryons humains congelés dits surnuméraires ou « sans projet parental ».

L’isolement de ces cellules requiert la désagrégation et donc la destruction du jeune embryon, d’où le débat éthique fondamental autour de cette technique. Elles sont considérées comme l’archétype de la cellule souche pluripotente ; elles prolifèrent de manière extensive en culture et ont le potentiel pour générer tout type de tissu.

Aujourd’hui, le principal obstacle à leur utilisation est un effet tumorigène (que certaines expériences ont démontré de manière incontestable) des cellules souches embryonnaires injectées. La formation anarchique de tumeurs est un problème majeur pour envisager une utilisation clinique de ces entités cellulaires : leur croissance incontrôlée est un fait qui rend impossible toute expérimentation chez l’homme et qui explique que, dans certains Etats membres qui autorisent ce genre de recherche depuis de nombreuses années, aucun début de succès thérapeutique chez l’homme n’ait pu être enregistré. Sur le plan médiatique, c’est incontestablement la publication en ligne le 22 octobre 2006 par la revue Nature Medecine des travaux de chercheurs de l’Université Cornell de New-York qui ont mis en avant les premières désillusions concernant les cellules souches embryonnaires.

En effet, l’équipe du département des neurosciences de cette université a cultivé des neurones capables de produire de la dopamine à partir de cellules souches embryonnaires avant de les greffer à des rats atteints de la maladie de Parkinson dont la cause est due à un déficit de cette substance. Il est apparu dans un premier temps que les performances des fonctions motrices des rats ayant bénéficié de cette greffe sont meilleures que celles du groupe témoin. Cependant, les chercheurs ont remarqué que le taux de neurones sécrétant la dopamine s’amenuise rapidement.

Voulant comprendre ce qui se produit au niveau des cerveaux des rongeurs, ils découvrent la présence d’amas de cellules indifférenciées en voie de multiplication, potentiellement cancéreuses. C’est d’ailleurs l’expansion incontrôlée de ces cellules en division active qui explique la dilution des neurones greffés. C’est une des premières fois que les recherches expérimentales sur les cellules souches embryonnaires se heurtent de manière aussi brutale à leur potentiel cancérigène.

De plus, un autre obstacle scientifique à franchir est bien sûr le problème de la compatibilité immunitaire. Afin de maîtriser le rejet immunitaire, il faudrait pouvoir disposer de très nombreuses banques de lignées de cellules embryonnaires pour tenter de correspondre à un maximum de receveurs potentiels. Cette solution étant très difficile à mettre en place sur le plan pratique, le clonage thérapeutique est présenté alors comme le moyen idéal de sortir de l’impasse. De manière abstraite, en créant un clone embryonnaire du patient, on affirme qu’il serait théoriquement possible d’en prélever les cellules souches afin de cultiver des lignées cellulaires spécifiques du malade.

Or, il s’avère que cette solution ne présente aucune perspective d’autant que tout reposait sur les travaux du professeur coréen Hwang Woo-Suk, annonçant avoir obtenu 11 lignées de cellules souches par clonage embryonnaire dans la prestigieuse revue. On sait à présent que les résultats étaient délibérément falsifiés, les ovocytes ayant été prélevés chez ses propres collaboratrices. L’article fut retiré et le professeur destitué. Le généticien français Axel Kahn concluait à un écroulement du mythe du clonage ainsi que de sa simple faisabilité tant les moyens financiers et technologiques colossaux dont disposait l’équipe sud-coréenne auraient dû permettre de confirmer la théorie.