Échafaudages dans la réparation de la peau

Face aux agressions extérieures en tout genre – UV, agents chimiques, bactériens, viraux…–, la peau se régénère dans sa totalité toutes les trois semaines.

À la source de ce mouvement perpétuel, il y a les cellules kératinocytes de l’épiderme. Fabriquées dans la couche la plus profonde, elles se multiplient et migrent peu à peu vers la surface cutanée pour remplacer leurs aînés. Depuis une vingtaine d’années, on les cultive couramment en vue de greffer les grands brûlés. Il suffit de prélever quelques cm2 de peau saine chez le patient avant de les ensemencer sur une couche nourricière de fibroblastes, cellules du derme. Quelques semaines suffisent à obtenir une grande surface d’épiderme autologue.

L’une des pistes fort prometteuses : un ensemble dermo-épidermique de culture. « Déjà utilisée en pharmacotoxicologie pour tester les produits cosmétiques, cette “peau équivalente” testée chez des animaux devrait bientôt faire l’objet de premiers essais cliniques pour stimuler la cicatrisation des plaies chroniques », annonce prudemment Odile Damour, enseignante chercheuse.

Régénération et cicatrisation de la peau

Dans son sens le plus large, le terme « régénération » désigne tous les phénomènes de réparation au cours desquels un individu retrouve son intégrité. C’est le remplacement par l’organisme d’une partie perdue spontanément, accidentellement ou expérimentalement.

La cicatrisation peut dans une certaine mesure, être considérée comme une modalité de la régénération au sens large. La régénération, au sens strict, correspond à la restauration à la fois de la fonction et de la forme d’un organe lésé ou amputé.

En ce qui concerne la peau humaine adulte, la distinction entre régénération et cicatrisation est assez subtile. La peau est constituée de deux tissus : le plus externe, l’épiderme, reposant sur un tissu conjonctif vascularisé, le derme.

Dans l’épiderme, qui comprend plusieurs couches de cellules, la couche externe est formée de cellules mortes qui desquament et sont constamment remplacée à partir des cellules de la couche basale qui prolifèrent. Donc, dans les conditions physiologiques normales, l’épiderme, comme tous les épithéliums, est en constant renouvellement.

D’autre part, lorsqu’accidentellement, les parties supérieures de l’épiderme sont lésées à la suite, par exemple, d’une brûlure ou d’une abrasion légère, la portion détruite est régénérée grâce à une prolifération accélérée des cellules épidermiques basales.

Dans le cas de lésions plus profondes où la majorité ou la totalité de l’épiderme et du derme est lésée, c’est un autre phénomène qui intervient : la cicatrisation. Ce processus physiologique complexe, qui fait intervenir un grand nombre de types cellulaires différents, a pour effet la destruction des tissus nécrosés et la réparation des pertes de substance.

Dans ce cas, le derme détruit est remplacé dans un premier temps par un tissu conjonctif fibreux provisoire qui, par la suite, sera lui-même remplacé par un néo derme. Le tissu conjonctif fibreux est rapidement recouvert par un épiderme régénéré qui retrouvera l’intégrité de sa fonction avec la formation du néoderme.

Au final, on observe tout d’abord une simple réparation du tissu cutané puis dans un deuxième temps, une véritable régénération du tissu lésé.

La phase de prolifération et de réparation de la cicatrisation cutanée

Formation du tissu de granulation et reconstruction d’un néoderme

Après fermeture des brèches vasculaires par des clous plaquettaires et de la plaie par la croute lors de la phase vasculaire de la cicatrisation puis nettoyage de la plaie lors de la phase inflammatoire, une nouvelle étape va démarrer pour colmater définitivement la brèche cutanée et réparer le tissu. Cette phase qui débute environ 4 jours après la création de la plaie est dite « phase de prolifération et de réparation ». Elle aboutit à la reconstruction de l’épiderme au-dessus d’un tissu conjonctif transitoire, lieu de profondes et rapides transformations et dénommé, le tissu de granulation ; celui-ci sera lui- même remodelé selon un processus assez lent en un néoderme, lors d’une phase dite de remodelage.

La phase inflammatoire de la cicatrisation cutanée

Dans la phase vasculaire de la cicatrisation cutanée, nous avons vu que suite à une lésion cutanée avec rupture des vaisseaux superficiels, on observe une réaction locale immédiate, l’hémostase, qui est accompagnée d’une vasoconstriction rapide, et qui a essentiellement pour but l’arrêt du saignement. Le sang qui s’est échappé des vaisseaux endommagés vers le tissu environnant va coaguler et former la croute qui va isoler provisoirement le tissu cutané lésé de l’environnement. Dans l’article qui suit, nous décrivons la phase inflammatoire du processus de cicatrisation cutanée qui a pour but majeur d’empêcher l’infection, de nettoyer la plaie des débris cellulaires et de préparer la phase de reconstruction.

La phase vasculaire de la cicatrisation cutanée

L’hémostase primaire, la coagulation et la fibrinolyse La phase vasculaire est la réponse immédiate de l’organisme lors du processus de cicatrisation d’une plaie cutanée. Elle a essentiellement pour but l’arrêt du saignement également dénommé hémostase. Elle s’accompagne d’une vasoconstriction rapide qui favorise l’hémostase. Le sang qui s’est échappé des vaisseaux lésés vers le tissu endommagé va coaguler et former la croute qui va isoler provisoirement le tissu cutané lésé de l’environnement.